« Une goutte d'eau sur une pierre chaude » : justice pour les victimes en République centrafricaine

A young girl stands in the doorway to her house

La République centrafricaine (RCA) a enduré six décennies de conflits violents, qui ont fracturé le pays et affaibli la capacité de l'État à fournir non seulement la justice mais aussi les services de base. Les victimes de violations des droits humains, en particulier celles vivant en dehors de la capitale Bangui, appartiennent souvent à des communautés profondément marginalisées. Leur victimisation est ainsi aggravée par les luttes quotidiennes d'exclusion, d'inégalité et d'absence d'alternative. Ce rapport de recherche examine la notion de justice et sa faisabilité dans la perspective d'une approche centrée sur la victime dans un contexte de profonde fragilité et d'extrême pauvreté.

La première section du rapport donne un aperçu des défis contextuels pour rendre justice aux victimes, y compris le conflit violent en cours et les violations généralisées des droits de l'homme, la polarisation, le manque d'inclusion, les normes sociales et l'exclusion des jeunes des processus décisionnels. . Ces obstacles, qui creusent le fossé de la justice, ne sont généralement pas pris en compte lors de la conception des mesures et initiatives de justice.

La deuxième section décrit les initiatives judiciaires existantes et celles en cours d'établissement en RCA, y compris les mécanismes judiciaires et non judiciaires et ceux administrés par des organismes nationaux et internationaux. Cependant, les coûts de fonctionnement élevés, les dysfonctionnements, la corruption et la centralisation des services dans la capitale ont fortement tendance à limiter la capacité de ces initiatives à rendre justice aux victimes.

La troisième section traite des demandes et des aspirations des victimes en matière de justice en fonction de leurs expériences et de leurs priorités. Il met en lumière la nécessité d'une participation significative des victimes, des membres des communautés marginalisées et des représentants de la société civile, entre autres, aux initiatives de justice afin d'assurer leur légitimité et de faciliter leur mise en œuvre. Pour obtenir une participation aussi large, il faut des stratégies de communication et de sensibilisation engageantes, unificatrices et percutantes. Le rapport se termine par un ensemble de conclusions et de recommandations qui reconnaissent les difficultés à rendre justice aux victimes dans un contexte fragile comme la RCA et mettent en évidence des stratégies innovantes de justice transitionnelle dans lesquelles les victimes sont la pierre angulaire.