Un nouvel espoir pour des accords politiques et humanitaires au Venezuela

01/02/2023

La fin de l'année 2022 au Venezuela a été marquée par des signes de volonté de la part de toutes les parties de prendre des mesures concrètes en faveur de la démocratie. Le gouvernement et l'opposition reprennent les négociations et acceptent que les Nations unies gèrent un fonds de milliards de dollars d'avoirs gelés, qui seront progressivement libérés pour faire face à la crise humanitaire du pays. Les États-Unis ont autorisé la société Chevron à reprendre des activités limitées d'importation de pétrole vénézuélien. Enfin, l'Assemblée nationale de 2015 a voté la fin du gouvernement intérimaire dirigé par l'opposition.

À première vue, ces mesures pourraient être considérées comme controversées. La dissolution du gouvernement intérimaire est une opération particulièrement délicate, qui n'est pas sans coût et qui risque d'accentuer les divisions. Cependant, prises ensemble, elles pourraient contribuer à atténuer la polarisation et permettre au gouvernement, à l'opposition et à ceux qui ne se sentent pas représentés par l'un ou l'autre d'entre eux de trouver un terrain d'entente. En outre, elles pourraient renforcer la capacité des représentants du gouvernement et des principaux partis d'opposition qui négocient au Mexique à répondre à des questions fondamentales sur la démocratisation et les droits de l'homme.

Si ces mesures sont initiales pour créer les conditions de la confiance entre les parties, elles offrent également des possibilités d'améliorer les circonstances désastreuses dans lesquelles vivent actuellement de nombreux Vénézuéliens. Des programmes humanitaires doivent maintenant être rapidement mis en œuvre pour répondre aux besoins urgents de la population, notamment en matière d'alimentation, de soins de santé, d'éducation des enfants et d'électricité. Si ces besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits, il est difficile d'envisager une voie crédible vers une démocratie inclusive.

En outre, les obligations fondamentales en matière de droits de l'homme doivent être respectées: Les prisonniers politiques doivent être libérés; la police doit mettre fin à ses raids violents dans les communautés pauvres, ciblant et tuant des jeunes hommes; la pratique de la torture doit cesser immédiatement et des contrôles stricts doivent être mis en place pour l'empêcher à l'avenir. L'adoption de ces mesures pourrait permettre aux négociateurs de discuter ouvertement et de manière crédible des réformes politiques, judiciaires et électorales et d'améliorer les chances de parvenir à des accords.

Si la transition vers la démocratie au Venezuela nécessite des réformes largement soutenues des systèmes politique et électoral, la mesure de son succès ne peut se limiter à la tenue d'élections libres et équitables. Il y a de nombreuses leçons à tirer de la crise actuelle, et en particulier du mépris généralisé des droits de l'homme, des politiques d'exclusion et de marginalisation, et de l'effondrement total des services sociaux. Toutefois, pour s'attaquer efficacement à ces violations récentes et continues, il convient d'en examiner les causes profondes et la continuité avec les abus passés et les injustices historiques des décennies précédentes. Tirer les leçons du passé peut également permettre à ceux qui ont été victimes de violations et d'exclusion à différentes périodes des 60 dernières années de faire cause commune pour exiger la reconnaissance et la réparation.

La future démocratie vénézuélienne doit être inclusive et chacun doit s'y sentir respecté et valorisé. S'attaquer à l'héritage d'abus et de marginalisation du pays, y compris reconnaître et réparer les préjudices durables, peut aider à restaurer la cohésion sociale et la confiance nécessaires à la stabilité politique et au développement économique. Cela peut également garantir que les exclus historiques - les habitants des quartiers urbains pauvres, les indigènes, les personnes d'origine africaine et les femmes - jouent un rôle vital dans une démocratie vénézuélienne inclusive.

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PHOTO: Un migrant vénézuélien vivant dans une petite pièce sans électricité au Pérou prépare le dîner pour sa famille le 1er juin 2020. Au Venezuela, il était cuisinier professionnel (S. Castañeda/European Union).