Déclaration sur la résolution des Nations Unies portant création d'une institution indépendante pour les personnes disparues en Syrie

21/07/2023

Le 29 juin 2023, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution créant une nouvelle institution indépendante sur les disparus en République arabe syrienne. 83 États membres ont voté pour, 11 ont voté contre et 62 se sont abstenus. L'ICTJ se félicite de la résolution, qui représente un sursis momentané dans le paysage judiciaire par ailleurs sombre de la Syrie. Ce vote représente une avancée cruciale pour soutenir tous ceux qui cherchent des réponses sur le sort et le sort de leurs proches et qui souffrent quotidiennement des indignités et des graves difficultés qui s'ensuivent lorsqu'un être cher disparaît.

Ce nouvel organe se consacrera à la réalisation du droit des familles à la vérité et répondra également aux besoins humanitaires critiques des survivants. Comme l'a souligné le Représentant permanent du Luxembourg auprès des Nations Unies, SE Olivier Maes, "cette résolution ne pointe personne du doigt. Il n'a qu'un seul objectif, et c'est un objectif humanitaire."

On sait que plus de 100 000 personnes ont disparu dans les centres de détention officiels et improvisés de Syrie. Dans son rapport de décembre 2021, le projet Bridges of Truth - une collaboration entre l'ICTJ et huit organisations de la société civile syrienne - a décrit ce système comme une obscurité indicible dans laquelle les Syriens continuent de disparaître. Un nombre indéterminé de citoyens ont également disparu en fuyant le conflit ou y ont péri en tant que victimes innombrables.

Pendant des années, les familles des disparus et d'autres victimes ont mené la campagne en faveur d'un mécanisme indépendant, notamment par le biais de la Charte Vérité et Justice . La nouvelle institution est la première du genre au niveau international et ouvre la voie à la justice en Syrie, ce qui nécessitera le soutien, l'engagement et la collaboration soutenus de toutes les parties prenantes.

Les défis auxquels les familles ont été confrontées au cours des 12 dernières années de conflit, et auxquels elles continuent de faire face à ce jour, sont vastes et variés, allant de la détention elle-même à l'extorsion, aux menaces, au harcèlement et au traumatisme quotidien qui en résulte. Cela est particulièrement vrai pour les femmes dont les maris, les fils ou les pères sont portés disparus et qui doivent mener la recherche tout en soutenant leurs familles. Le nouveau mécanisme apporte enfin l'espoir. «La meilleure expertise, méthodologie, technologie et ressources adéquates seront mobilisées pour cette institution», a affirmé Hanny Megally, membre de la Commission d'enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne.

Beaucoup de travail reste à faire. Actuellement, les parties prenantes préparent les termes de référence officiels pour opérationnaliser ce nouvel organe et des consultations avec les familles des disparus et les membres de la société civile sont en cours pour s'assurer que l'institution reflète leurs points de vue. Cependant, une sensibilisation continue est essentielle pour tenir les familles et la société civile informées et engagées à la fois dès les premières étapes du processus et de manière continue tout au long du mandat de l'institution. Les familles et les organisations qui les desservent plaident depuis longtemps pour une telle institution, et l'inclusion de leurs points de vue ne fera que garantir son succès.

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PHOTO : L'Assemblée générale des Nations Unies adopte une résolution établissant une institution indépendante sur les personnes disparues en République arabe syrienne le 29 juin 2023. (Manuel Elías/UN Photo)